Reconnaissable entre tous grâce à sa barbe fournie, ses cheveux longs retenus en chignon et ses différents couvre-chefs, Eugene Bareman est depuis plusieurs années maintenant le coach de MMA le plus célèbre en Australie et en Nouvelle-Zélande, ayant notamment contribué aux succès phénoménaux d'Israël Adesanya, de Dan Hooker, d'Alexander Volkanvoski, ou plus récemment encore de Kevin Jousset, qui combattra en septembre sur la carte de l'UFC Paris !
Surnommé The Mad Genius (Le génie fou), et devenu célèbre grâce à son association de longue date avec le champion Israël Adesanya (5 défenses de titre UFC), Eugene Bareman est probablement le coach de MMA le plus célèbre d'Océanie, et son écurie possède un très grand nombre de talents, parmi lesquels : Alexander Volkanovski (5 défenses de titre UFC lui aussi), Dan Hooker, Kaï Kara-France, Carlos Ulberg ou encore la pépite française Kevin Jousset, qui s'entraîne justement en Nouvelle-Zélande.
Mais qui est donc Eugene Bareman, et comment réussit-il à faire éclore autant de combattants talentueux, et à les mener ensuite vers les sommets du sport ?
Né en 1979 à Auckland en Nouvelle-Zélande, Bareman admet s'être initialement tourné vers les arts martiaux afin de mieux se préparer aux compétitions de rugby auxquelles il participait : on sait qu'en Océanie, le rugby est un sport particulièrement physique, et est très pris au sérieux par les athlètes qui le pratiquent.
A l'issue de sa deuxième année d'étude, où il était inscrit en faculté de droit, Eugene Bareman décide d'abandonner son cursus universitaire pour se jeter pleinement dans une carrière de combattant, multipliant alors les combats lors de compétitions locales de kickboxing et de muay-thaï.
En 2006, il se tourne enfin vers le MMA, où il enregistrera un palmarès de 4 victoires pour 3 défaites.
L'année suivante, Bareman fonde avec son ami et ancien champion de boxe Doug Viney la salle de sport City Kickboxing, qui deviendra plus tard une référence non seulement en Nouvelle-Zélande, mais aussi jusqu'en Australie ! Pourtant, comme se le remémore Bareman dans une entrevue accordée en 2018, les débuts ont d'abord été difficiles.
Quand tu ouvres une salle de sport, c'est un travail à plein temps. Tu dois toujours réussir à trouver des adhérents et à maintenir des cours en place, car tu dois payer le local à la fin du mois. Au départ, on proposait beaucoup de cours de fitness afin de mieux régler nos factures, mais les choses ont commencé à s'arranger quand de plus en plus de combattants sont venus nous rendre visite.
Exigeant et parfois sévère, Eugene Bareman n'a jamais fait de mystère sur le fait que ses enseignements n'étaient pas destinés à tout le monde, ni du fait qu'il demande à ses élèves une mentalité très dure ainsi qu'un respect primordial vis-à-vis de leurs partenaires d'entraînement ; essentiel selon lui à l'atmosphère de la salle. Il déclare n'avoir aucun à priori sur le passif de ses élèves, et s'intéresser uniquement à leur déterminations et aux efforts qu'ils présentent une fois sur les tatamis.
Attentif aux gestes et aux actes, Eugene Bareman se rappelle d'ailleurs que lors de sa transition du kickboxing vers le MMA, Israël Adesanya a dormi durant des mois dans une voiture afin de venir s'entraîner au City Kickboxing et d'assister aux cours, ce qui a fortement impressionné Bareman, et l'a convaincu de prendre Adesanya sous son aile, malgré ses premiers résultats assez mitigés sur le circuit amateur.
Une volonté pareille ça ne s'apprend pas, et on n'en voit pas tous les jours.
Une philosophie d'entraîneur certes sélective, mais qui aura toutefois porté ses fruits en 2019, année durant laquelle Israël Adesanya et Alexander Volkanovski, tous deux sous la supervision d'Eugene Bareman, sont respectivement devenus champions de l'UFC dans les catégories middleweight et featherweight, s'imposant chacun face à Robert Whittaker et Max Holloway ! Adesanya n'ayant certainement pas oublié les très nombreux services rendus par son entraîneur, et après avoir mis KO le champion Robert Whittaker en octobre 2019, puis s'être ainsi emparé de la ceinture des -84 kg, il déposera aussitôt cette dernière au pied d'Eugene Bareman, en signe de reconnaissance pour tout ce qu'il lui a apporté durant sa carrière.
Une véritable consécration pour le City Kickboxing, qui a acquis depuis un prestige encore jamais vu pour un club néo-zélandais, et figure désormais parmi les salles de MMA les plus réputées au monde. En 2020, Bareman et sa salle de sports étaient tous deux lauréats des prix de "Meilleur coach de l'année" et "Meilleure salle de l'année" aux MMA Awards !
Réputé discret et n'accordant que très peu d'interviews, Eugene Bareman se montre très protecteur envers les combattants qu'il encadre, expliquant qu'il éprouve fréquemment une grande pression lorsque l'un de ses élèves lui affirme vouloir devenir combattant professionnel, car il a conscience de tout l'investissement que cela nécessite non seulement en tant qu'athlète, mais aussi en tant que coach.
A propos de l'héritage qu'il souhaiterait laisser dans ce sport, Eugene Bareman a notamment déclaré :
Si à mon enterrement plusieurs personnes venaient en déclarant que j'ai changé leur vie pour le mieux grâce aux sports de combat, alors ce serait vraiment génial. Ça, pour le coup, ça signifierait beaucoup plus que toutes les ceintures et toutes les médailles du monde.
Un point de vue aussi modeste que très émouvant, qui renseigne énormément sur l'état d'esprit d'Eugene Bareman et la manière avec laquelle il conçoit son métier d'entraîneur.
On espère qu'à la manière des progrès exponentiels observés au fil des années chez Israël Adesanya, Alexander Volkanovski ou encore Dan Hooker, notre français Kevin Jousset effectuera lui aussi une avancée spectaculaire à l'UFC depuis qu'il a officiellement rejoint le City Kickboxing !
Par Pierre Yan.
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