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Khabib, GSP, Zabit, Silva... Les retraites prématurées ou tardives des légendes du MMA


La chair est triste, hélas.

Non vous ne rêvez pas, vous lisez bien un article sur le MMA, et votre humble serviteur a subitement eu l'envie de citer Stéphane Mallarmé. Mais rassurez-vous : c'était surtout pour avoir une jolie accroche !


Le fait est que si les palmarès de nos combattants préférés peuvent entrer dans la légende, laissant ainsi un héritage sans commune mesure dans le sport (la fameuse legacy tant convoitée), les combattants quant à eux ne sont pas immortels ; ils vieillissent et doivent chacun se résoudre à quitter le sport une fois le moment-venu.


Problème : ce "moment-venu" est une source intarissable de débat chez les observateurs, et dans le cas du MMA, chaque retraite ou presque est soit perçue comme tardive, ou alors comme prématurée pour une partie du public. A l'approche du retour de José Aldo à l'UFC 301, qui avait pourtant annoncé sa retraite en 2022 et avait été introduit au Hall of Fame de l'UFC, revenons un instant sur quelques unes des retraites "polémiques" de l'histoire du MMA.


Khabib Nurmagomedov



khabib après sa dernière victoire à l'UFC

L'éléphant dans la pièce, le cas le plus célèbre d'une retraite qui continue encore d'alimenter les débats quatre ans plus tard.

Inutile de vous faire le portrait de Khabib, car à moins d'être arrivé ici par hasard, vous le connaissez très probablement. Khabib est sans conteste le meilleur poids-léger de tous les temps, un des lutteurs le plus accompli de l'histoire du MMA, et a été l'un des champions les plus dominants de l'UFC. Oh, et accessoirement, il a sans aucun doute le plus beau palmarès de l'histoire du sport : 29 victoires, pour aucune défaite.

Mais alors pourquoi sa retraite survenue en octobre 2020, cinq mois après le décès de son père, est-elle sujette à débat ? Eh bien parce qu'il n'est pas allé jusqu'au 30-0 alors qu'il était encore à son prime bien sûr ! Oui oui, Khabib a terrassé chacun de ses adversaires avec une facilité déconcertante, il a endormi Justin Gaethje en doux rounds alors qu'on lui prévoyait son combat le plus difficile, mais vous comprenez, 29 victoires ça sonne toujours moins bien que 30 !

Plus sérieusement, le cas de Khabib Nurmagomedov révèle une constance chez une partie du public : l'envie de voir un combattant poursuivre sa carrière aussi loin que possible, tant que ce dernier est encore en forme et surtout, qu'il continue de gagner. Khabib a fait le choix très raisonnable de se retirer de la compétition sans ternir son palmarès et en s'économisant plusieurs années de vie et de santé, mais une partie des fans ne l'ont pas vu du même œil ; lui reprochant de fuir le sport, et même pour certains de ne pas avoir l'audace d'ajouter une seconde ceinture à son palmarès.


Les fans ont parfois une nette tendance à faire passer leurs fantasmes sportifs au-dessus des vies des combattants, et vous allez le voir, les exemples suivants sont restés assez éloquents.


George Saint-Pierre



la légende du MMA GSP

Khabib n'a pas décroché une seconde ceinture durant sa carrière, mais GSP si, en battant Micheal Bisping par soumission en novembre 2017 après une absence de quatre ans ! Il devenait alors champion middleweight de l'UFC, en plus de son règne titanesque sur la catégorie welterweight pendant plus de six ans ! Un exploit suffisant pour que les fans le laisse tranquille ?

Bien sûr que non !

Voyez-vous, même quand vous êtes probablement le combattant le plus complet et abouti de votre sport, que vous défendez douze fois votre ceinture et que vous revenez d'une pause de quatre ans pour monter de catégorie et rafler la ceinture middleweight, le quidam viendra quand même vous reprocher de ne pas défendre ce titre mondial face à une nouvelle génération de combattants !

En l'occurrence, George Saint-Pierre n'a jamais défendu son titre middleweight face à des adversaires tels que Yoel Romero ou Robert Witthaker, puisqu'il a pris sa retraite en février 2019, laissant ainsi sa nouvelle ceinture vacante.

George Saint-Pierre a pratiquement une carrière parfaite, et à l'inverse de Khabib qui s'est retiré à 32 ans, il est quant lui à resté plus longtemps dans le sport, jusqu'à ses 38 ans ! Pourtant, certains continuent de penser qu'il aurait sans doute du affronter au moins un adversaire supplémentaire avant de quitter l'UFC, ceci pour cimenter un peu plus son statut légendaire dans l'organisation.

Aucun intérêt pour le canadien : qui lui voyait déjà son retour face à Micheal Bisping comme le clou d'une carrière extraordinaire.



Zabit Magomedsharipov



Zabit

Voilà un cas très particulier de retraite, souvent perçu comme l'un des plus what-if ? (et si ?) de l'histoire de l'UFC.

Zabit Magomedsharipov était jusqu'en 2019 l'un des combattants les plus redoutables de la catégorie featherweight. En pleine ascension, le daghestanais se démarquait notamment par son niveau de striking tout bonnement hallucinant, là où ses compatriotes étaient plutôt axés sur le grappling. Après une victoire par décision unanime sur Calvin Kattar en octobre 2019, Zabit devait affronter Yair Rodriguez en août 2020, mais fut contraint d'abandonner suite à une blessure à la cheville.

Depuis, plus rien.

Tandis qu'il était classé 3e des poids-plume, et que beaucoup l'imaginait prendre la ceinture dans les prochaines années, Zabit a tout simplement choisi de disparaître de la compétition, pour des raisons personnelles encore un peu nébuleuses. Un retour a un temps été envisagé en 2021, mais depuis, Zabit semble apprécier la vie loin de la cage et des caméras, au contact des animaux et de la nature.

Une retraite précoce et frustrante pour ce météore daghestanais, mais on ne peut qu'être heureux pour lui s'il a réussi un peu de quiétude hors de l'octogone.



Anderson Silva


l'un des goat du MMA, Anderson Silva

Anderson Silva, une des légendes du MMA


On a longuement parlé des retraites précoces, maintenant abordons le sujet qui fâche : les retraites (très) tardives. Les fans veulent que leurs combattants préférés se battent jusqu'à leurs derniers souffles, mais quand ces derniers échouent à de multiples reprises, ils oublient subitement les exploits passés de leurs idoles, qui n'apparaissent désormais que comme des athlètes has-been.

Difficile de trouver un exemple plus évident qu'Anderson Silva, passé de plus grand champion de la catégorie middleweight avec 16 victoires consécutives, à gate-keeper de cette même catégorie avec 7 défaites entre 2013 et 2020, pour une seule victoire face à Derek Brunson en février 2017.

Après son horrible blessure à la jambe survenue lors de sa revanche face à Chris Weidman en décembre 2013, The Spider aurait probablement dû se retirer de la compétition, ou du moins, prendre plus de temps pour récupérer avant de tourner de nouveau vers la compétition. Entre un physique affaibli ainsi que des adversaires toujours plus jeunes et affamés (Adesanya, Uriah Hall) , une retraite aurait du être envisagée bien plus tôt par la légende brésilienne : au moins après sa troisième défaite consécutive à 41 ans (!!!).

Le MMA est un sport cruel envers les figures vieillissantes, et si l'on a vu à de rares occasions Glover Texeira ou Randy Couture s'imposer comme champions à plus de 40 ans, ces exemples demeurent rares et extraordinaires.


Chuck Liddell



Chuck Liddell

On termine avec l'une des retraites, ou plutôt l'une des sorties de retraite, les plus tragiques de l'UFC ; Chuck Liddell. Je vous avoue avoir hésité entre lui et BJ Penn, mais au vu du retour prochain de José Aldo, Chuck Liddell m'est immédiatement venu en tête comme l'exemple parfait d'une mauvaise retraite.

Après avoir subi trois défaites consécutives par KO entre 2008 et 2010, The Iceman avait annoncé son retrait de la compétition lors d'une conférence de presse le 29 décembre 2010, en ayant même été gratifié plus tôt d'une place au Hall of Fame de l'UFC en juillet 2009.

Une fin satisfaisante pour l'une des premières têtes d'affiche de l'UFC, et l'un des plus grands punchers de l'histoire du MMA...

Sauf que bien sûr, l'histoire ne s'arrête pas ici.

En 2018, huit ans après avoir quitté définitivement l'octogone, Chuck Liddell revenait finalement dans la cage pour un troisième combat face à sa némésis de toujours, Tito Ortiz. Le combat s'est achevé en un seul round : Liddell était alors âgé de 49 ans, était complètement essoré et incapable de s'approche un tant soit peu du combattant qu'il avait été dans ses grandes heures. Lui qui voulait probablement faire plaisir à ses fans en leur offrant une trilogie face à Ortiz, a au contraire terni son héritage par une nouvelle défaite embarrassante par KO, alors même qu'il n'était pas apte à retourner dans la cage.


Malgré l'aide de leurs proches, les combattants ont souvent beaucoup de mal à raccrocher les gants une bonne fois pour toute : la faute à une dose monstrueuse d'adrénaline offerte par chacun de leurs duels. La volonté de plaire toujours plus à leurs fans est plus nocive qu'autre chose, c'est pourquoi j'ai choisi d'achever cet article sur l'exemple de Chuck Liddell.

Gageons qu'il n'arrivera pas la même chose à José Aldo, dont le retour prochain est d'ailleurs très dispensable. Le King de Rio est aujourd'hui âgé de 37 ans, et n'a d'ailleurs plus rien à prouvé auprès de l'UFC, hormis sans doute de satisfaire d'une manière très illusoire les fantasmes des fans.


Un dernier mot, toutefois, à propos de ces retraites diverses : si vous ne l'avez pas compris au travers des exemples de Khabib, Zabit ou même GSP, la santé physique mais surtout mentale des combattants primera toujours sur leurs performances dans la cage.

On souhaite à chaque athlète, surtout dans un sport aussi impitoyable que le MMA, de s'économiser autant de santé et de tranquillité que possible. La legacy peut bien attendre.


Lien vers notre article sur la santé mentale des combattants : ici !

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