Outre une discipline impeccable, un mental d'acier et des compétences athlétiques hors-normes, la foi et la spiritualité semblent jouer un rôle souterrain dans les réussites de nombreux champions et combattants professionnels de MMA.
Soutien émotionnel, leçon d'humilité, rigueur…
Qu'apportent en vérité la foi et la spiritualité à de nombreux combattants de MMA ?
On vous arrête tout de suite : cet article n'a aucune visée prosélyte.
Nous n'insinuons à aucun moment que la réussite de tel ou tel combattant de MMA est liée à une forme de Providence ou de volonté céleste quelle qu'elle soit. Néanmoins, nous remarquons tout de même que la religion, la foi et la spiritualité semblent jouer un rôle très important dans la vie de nombreux combattants de MMA. Ces trois éléments semblent apporter beaucoup de quiétude, de sérénité et de confiance à un grand nombre d'athlètes, et c'est par ce biais-là que nous souhaitons traiter cette question.
L'Islam, le christianisme, et plus récemment une forme de pensée chamanique ont été mises en avant par de nombreux combattants de MMA professionnels : lors de l'UFC 303, Jiri Prochazka a notamment accusé le champion light-heavyweight Alex Pereira d'avoir recours à des rituels pour augmenter sa puissance dans l'octogone. Pereira lui a aussitôt rétorqué :
Tout le monde est au contact des esprits. Nous ne vivons pas seulement au travers de notre enveloppe charnelle, mais également au sein d'une variété d'esprits et de forces invisibles. S'il n'est pas capable de les voir et de les sentir, ce n'est pas mon problème.
Des déclarations qui ont tantôt amusé et surpris une partie des fans, puisqu'Alex Pereira ne s'était jusqu'à présent jamais exprimé sur ses vues spirituelles. Ayant des origines tribales et natives de l'Amazonie, l'actuel champion des poids lourds-légers de l'UFC semble donc se rapprocher d'une pensée "chamanique", considérant que l'homme est entouré ci et là de forces spirituelles invisibles, qui peuvent éventuellement lui accorder une partie de leurs forces lorsque celui-ci le requiert.
Les performances phénoménales d'Alex Pereira seraient-elles liées à la pratique de rituels magiques ? Probablement pas, même s'il est évident que le champion use tout de même de ce mode de pensée pour intimider ses adversaires avant, et pendant un combat. Une grande partie du sang-froid et de la confiance que montre Alex Pereira semblent en effet provenir de ses convictions spirituelles.
L'exemple de Pereira est l'un des plus atypiques, car ses convictions et son mode de pensée ne comptent pas parmi les plus représentés à l'UFC. En revanche, la foi musulmane est omniprésente dans la vie et les revendications d'un grand nombre de combattants professionnels, notamment ceux originaires du Daghestan. On pense bien sûr à Khabib Nurmagomedov et à ses proches, parmi lesquels l'actuel champion lightweight Islam Makhachev, ou encore le combattant du Bellator Islam Mamedov. En 2024, l'ancien champion des lightweight de l'UFC a notamment posté une photo d'eux lors de leur pèlerinage annuel à La Mecque.
Khabib n'a jamais fait un secret de sa confession musulmane, au contraire, il l'a toujours rappelé et souligné, notamment lors de ses interviews d'après-combat. Lors de son ultime combat en septembre 2020 face à Justin Gaethje, il déclarait immédiatement au micro de Jon Anik :
Hamdoulilah. Merci Dieu, Il m'a tout donné. Tout ce que j'ai fait, tout ce que j'ai accompli ici, dans ce sport, c'est grâce à Lui.
Les cinq prières quotidiennes demandées par les 5 piliers de l'Islam, ainsi que le Ramadan qui constitue chaque année une épreuve très difficile pour le corps et l'esprit, aident probablement beaucoup les combattants musulmans dans leurs préparation psychologique avant un combat. Les prières apportent déjà un cadre et ponctuent ainsi chacun des entraînements des athlètes, et l'on suppose également que le Ramadan conditionne énormément le mental des combattants : devoir ainsi poursuivre l'entraînement ou le weight-cut tout en devant se priver d'eau et de nourriture pendant la journée constitue un véritable défi physique et mental.
Face à de telles difficultés, on comprend vite pourquoi autant de combattants musulmans rentrent dans l'octogone en se sentant aussi confiant : la violence de la cage semble en comparaison bien faible par rapport aux exigences de la foi.
La foi en un Dieu et en une destinée aident également beaucoup de combattants dans leur carrière professionnelle : qu'ils soient chrétiens ou musulmans, ces derniers acceptent davantage l'idée d'une réussite tout comme la perspective d'un échec, puisqu'ils considèrent que leur histoire est déjà écrite, que Dieu a déjà fait un choix pour eux.
Typiquement, Charles Oliveira, l'un des tous meilleurs poids-légers de l'histoire de l'UFC, lève souvent les mains vers le ciel à l'issue d'une victoire, démontrant donc que toute cette gloire ne lui est pas due, et qu'elle revient selon lui au Seigneur pour lui avoir octroyé une telle force. Oliveira, qui a connu des débuts très difficiles, et ne devait initialement jamais réussir à combattre en raison d'une faible condition physique, considère en effet qu'il a bel et bien été sauvé par la Providence.
Charles Oliveira s'est plusieurs fois qualifié d'Illuminado ("Illuminé" en portugais) depuis son accès au titre de champion de l'UFC , rappelant donc son statut de miraculé, et accordant une grande partie de ses mérites à Dieu.
La pratique d'une religion, mêlée à de fortes convictions spirituelles, amènent également les combattants à adopter une profonde humilité. C'est notamment un point de vue que fait valoir Bo Nickal, nouvelle sensation de l'UFC dans la catégorie middleweight, qui a déclaré au sujet de ses éventuelles peurs et angoisses de combattant pro :
Que je gagne ou que je perde, je reste la même personne, ma famille continuera de m'aimer et je servirai toujours Dieu. Vous savez, le fait que je sois combattant fait partie de ses desseins à mon égard ; ça m'aide à prendre du recul sur mes possibles défaites, et à donner le meilleur de moi-même chaque fois que je rentre dans la cage.
D'autre part, le fait de se recueillir fréquemment dans des lieux de cultes, qu'il s'agisse d'une mosquée ou d'une église, semble également avoir une bonne influence sur le mental des combattants de MMA ; apportant à ceux-ci davantage de quiétude, et un retour au calme après une longue période d'entraînements et de combats.
C'est notamment le cas de la légende russe Fédor Emelianenko, de confession orthodoxe, qui se montre fréquemment en train de visiter des églises lorsqu'il ne combat pas ni ne s'entraîne. Il s'est d'ailleurs récemment investi personnellement dans la rénovation de l'une d'entres-elles.
Ces différents exemples nous montrent donc les vertus que peuvent apporter la foi ainsi que la pratique d'une religion ou d'une spiritualité à un combattant de MMA : discipline, régularité, quiétude, humilité, estime de soi. La foi semble grandement aider les athlètes à rester focaliser sur leurs objectifs, en particulier lorsqu'ils deviennent champions.
Bien sûr, nous rappelons tout de même ici quelque chose de fondamental : il n'est en aucun cas prescrit d'adhérer à une religion pour devenir champion en MMA, ni même d'accumuler un grand nombres de victoires ! Conor McGregor en est la preuve !
En revanche, force est de constater que les dogmes et règles imposés par les religions poussent déjà les athlètes à s'astreindre à une parfaite hygiène de vie, mais aussi à répondre à certaines exigences morales, telle que l'humilité. Enfin, la religion offre un cadre, un régime de vie parfois strict qui peut déjà conditionner leur mental avant qu'ils n'entrent dans la cage.
Par Pierre Yan.
Sources : Wikipédia et Instagram des combattants, MMA Fighting
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