Cela ne vous a pas échappé si vous avez suivi l'actualité MMA de ces dernières semaines : l'UFC a connu un mois de juin très, très mouvementé. Entre l'annulation du combat très attendu entre Conor McGregor et Michael Chandler, les multiples modifications de combat entre Jamahal Hill, Khalil Roundtree, puis Anthony Smith et Roman Dolidze, et enfin l'abandon à la toute dernière minute de Brian Ortega lors du co-main event qui l'opposait à Diego Lopes, l'UFC a dernièrement enchaîné un nombre incalculables d'obstacles !
Mais alors, comment ont-ils pu réussir à "sauver" l'UFC 303, en trouvant à la dernière minute un remplaçant pour Brian Ortega, mais aussi en réussissant à échanger le combat de Conor McGregor avec une nouvelle défense de titre d'Alex Pereira ?
Comment l'UFC réussit-elle systématiquement à trouver des solutions face à ses imprévus ?
Décryptage.
On peut reprocher énormément de choses à Dana White et à la politique de l'UFC vis-à-vis de ses athlètes, mais une chose est sûre, Oncle Dana a le bras long, et il déteste laisser les fans sur le carreau…
Tout a commencé par un silence pesant entourant le retour de Conor McGregor face à Micheal Chandler, comme si personne n'était vraiment certain du retour de la superstar irlandaise dans l'octogone...
Finalement, au grand dam des fans qui avaient déjà pris leurs billets pour assister à l'évènement à Las Vegas, Conor McGregor s'est retiré de son combat, faisant valoir une blessure à l'orteil !
L'UFC s'est alors retrouvé dos au mur : toute la communication autour de l'UFC 303 tombait ainsi à l'eau, puisque ni Conor ni Chandler ne seraient finalement présent dans l'octogone lors de l'évènement…
Non seulement il fallait trouver un combat principal qui puisse suffisamment mobiliser les fans, mais il fallait aussi le trouver vite, et établir une communication efficace autour de l'évènement !
Alex Pereira et Jiri Prochazka, deux combattants extrêmement appréciés des fans, ont alors accepté de s'affronter de nouveau, avec seulement trois semaines de préparation.
S'il s'agissait déjà là d'une première réussite, pour ne pas dire d'un petit miracle, l'UFC n'était pourtant pas encore au bout de ses problèmes ! Loin de là !
Le combat entre Jamahal Hill et Khalil Rountree Jr. a lui-aussi du être annulé, pour cause de dopage chez Rountree Jr. L'UFC a alors contacté Carlos Ulberg pour le remplacer, mais c'est finalement Jamahal Hill qui a été contraint d'abandonner son combat, après une blessure survenue lors d'un entraînement ! L'ancien-challenger au titre light-heavyweight Anthony Smith a donc été appelé à combattre face à Carlos Ulberg, mais Ulberg a décidé de se retirer du combat pour des raisons inconnues !
Enfin, et une bonne fois pour toutes, Roman Dolidze, qui combat habituellement dans la catégorie de poids inférieure (les middleweight), a accepté d'affronter Anthony Smith.
Si l'on était en droit de penser que l'UFC avait eu assez de galères pour cet évènement, figurez-vous que l'histoire ne s'arrête même pas là !
Puisqu'Anthony Smith ne constitue pas un nom assez vendeur pour figurer en co-main event d'un UFC numéroté, Dana White a donc démarché Diego Lopes, le nouveau phénomène de la catégorie poids-plumes, pour qu'il affronte l'actuel numéro 3 featherweight Brian Ortega !
Cet affrontement semblait taillé sur mesure pour les fans, mais environ cinq heures avant le début de l'évènement, Brian Ortega déclare qu'il ne sera finalement pas en mesure de se battre, faisant alors mention de problèmes de santé…
Panique et embarras : le combat de Diego Lopes est à un cheveux d'être annulé, mais par miracle, l'UFC réussit à convaincre Dan Ige d'accepter le combat, quatre heures à peine avant le début des hostilités ! Si le combat ne s'est évidemment pas fait en poids-plumes car Ige n'a pas eu le temps d'effectuer un weight-cut, le co-main event a pu être maintenu, ce qui est déjà un véritable exploit !
Comment l'UFC peut-elle réussir à ce point à retomber sur ses pattes, même lorsqu'elle enchaîne un tel nombre de poisses en si peu de temps ?
La réponse est relativement simple : l'organisation possède des fonds (très) considérables, et un réseau de connaissance extrêmement développé dans le monde des sports de combats.
Ainsi, l'UFC peut accepter de payer davantage un athlète pour qu'il se présente au dernier moment lors d'un évènement numéroté, afin de préserver la bonne tenue de la carte. On présume donc que Dan Ige a dû empocher un bonus considérable pour avoir eu le courage d'affronter Diego Lopes en tout juste quatre heures !
Un salaire augmenté est en soit une motivation suffisante pour les combattants afin qu'ils acceptent un combat à la dernière minute, car de manière générale, l'UFC ne paye pas très bien ses athlètes, sauf s'ils sont des superstars.
Il y a aussi le fait d'obtenir la possibilité de combattre sur une carte où les spectateurs seront très nombreux : puisque l'UFC 303 avait à l'origine était pensé pour accueillir Conor McGregor, la majeure partie des tickets s'étaient écoulés rapidement, ce qui fait que les combattants qui ont accepté de combattre à cet évènement avaient la certitude d'être vus par un très grand nombre de personnes, et donc de gagner des fans.
Si l'UFC parvient toujours à trouver des alternatives satisfaisantes à ses problèmes, c'est car elle est plus qu'une simple ligue de MMA : elle est une marque, tout simplement.
Pour la quasi-totalité des combattants, combattre sur un évènement numéroté de l'UFC est une chance extraordinaire, qui vaut tous les risques pris, y compris de perdre son combat ou d'entacher sa carrière.
Ceci explique donc pourquoi Anthony Smith, Roman Dolidze, Diego Lopes et Dan Ige ont tous accepté d'être sur la carte, car si les risques sont grands, les récompenses sont quant à elles immenses : une meilleure paie, de nouveaux fans, une victoire supplémentaire, etc...
Qu'on aime ou que l'on déteste sa politique, l'UFC reste bel et bien la reine des organisations de MMA mondiales, simplement par sa faculté à trouver des alternatives satisfaisantes pour les fans, et à fédérer toujours autant de spectateurs.
Par Pierre Yan.
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