UFC : Les salaires des combattants MMA toujours en question

Evoquée depuis plusieurs années maintenant, la rémunération parfois difficile des combattants de MMA professionnels fait encore parler d'elle. Aujourd'hui, c'est notamment le combattant français Yannis Ghemmouri qui a pris la parole à ce sujet, adressant un message plutôt piquant à l'intention de Dana White.

Un tableau récapitulatif des salaires moyens pour les combattants UFC, dépendant énormément de leurs popularités et de leurs performances dans la cage (by Quora).

"Paie mieux."

Voici les seuls mots que Yannis Ghemmouri, combattant français qui s'est incliné récemment face à Payton Talbott à l'UFC 303 (gros KO dès le début du combat), a adressé au grand patron de l'organisation américaine : Dana White.

Dans une époque où le MMA se démocratise de plus en plus, et où de nouvelles ligues telles que PFL font leur apparition avec la promesse d'offrir une meilleure rémunération à leurs athlètes, la question des salaires pour les combattants de l'UFC devient de plus en plus problématique.

Contrairement à ce que la popularité de l'UFC peut laisser entendre, y être signé n'est pas toujours une sinécure, loin s'en faut…

En vérité, à moins que vous ne soyez une véritable superstar comme Conor McGregor ou Jon Jones, il est pratiquement impossible d'être rémunéré au million lorsque l'on combat à l'UFC. En moyenne, un combattant qui entre à l'UFC touche 10 000 dollars, et éventuellement 10 à 20 000 dollars supplémentaires s'il parvient à décrocher une victoire. En cas de grosse performance, le combattant peut recevoir un bonus de 50 000 dollars. Deux types de bonus existent : le bonus de "performance de la soirée" est décerné au vainqueur d'un combat si celui-ci a mis un gros KO ou une belle soumission à son adversaire, et le bonus de "combat de la soirée" qui comme son nom l'indique récompense cette fois les deux combattants ayant participé au plus beau combat de la carte.

Hormis cela, si vous n'êtes pas jugé très divertissant, si vous perdez fréquemment, et si vous n'êtes pas assez "flashy" pour obtenir l'amour du public et faire parler de vous, il devient très difficile de vivre d'une carrière à l'UFC...

Les camps d'entraînements, les cours et leçons prises pour perfectionner les techniques des combattants ne sont pas prises en charge, ainsi, les athlètes doivent souvent débourser de leurs poches pour se rendre dans tel ou tel pays pour rejoindre certains coachs et se perfectionner.

De plus, énormément de combattants de l'UFC comptent parmi les plus redoutables du circuit mondial, même hors top 15 de leurs catégories. Il devient donc très difficile d'aligner beaucoup de victoires, surtout avec la manière et sans perdre, puisque le niveau ne redescend jamais d'un combat à un autre : impossible de se "reposer", et impossible également de faire une erreur qui empêcherait de rafler un bonus, et d'ajouter ainsi quelques lignes supplémentaires sur sa fiche de paie…

Ce faisant, on comprend mieux pourquoi certains combattants, tels que Salahdine Parnasse ou Baysangour Chamsoudinov (Baki), n'ont pas encore signé à l'UFC : les risques encourus pour leur carrière et leur santé physique sont bien trop conséquents pour un salaire jugé extrêmement faible. Leurs choix distincts de signer au KSW et au PFL sont tout à fait louables : Parnasse est payé 1 million de dollars par combat au KSW, une somme qu'il ne pourrait jamais espérer toucher à l'UFC. Baki, quant à lui, a d'abord opté pour le PFL, estimant pouvoir y amasser de meilleurs sommes avant de se tourner enfin vers l'UFC.

Pas sûr que Dana White ne se décide de sitôt à changer sa politique : dans une interview donné par GQ où il répond aux questions des fans, lorsqu'interrogé sur cette fameuse question des salaires, il répond sans ambages (ou presque) :

Les gens trouvent toujours quelque chose sur lequel râler, et les combattants veulent toujours se faire plus d'argent. Les augmentations de salaires n'arriveront jamais tant que je serai là : si vous n'êtes pas satisfaits : allez-voir ailleurs.

Par Pierre Yan.