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Photo du rédacteurPierre Yan

Weight-cut : Dans l'enfer de la préparation en MMA


Benoît Saint-Denis l'évoquait il y a peu, mais pour un combattant de MMA professionnel, ce ne sont pas les camps d'entraînements qui constituent la partie la plus difficile d'une préparation avant un combat.

Contre toute attente, il s'agit tout simplement de faire le poids le jour de la pesée, et de bien correspondre aux critères de la catégorie dans laquelle on évolue.


Revenons sur cet enjeu et les nombreuses problématiques qu'il implique.


Le weight-cut, ou perte de poids, est comme son nom l'indique un procédé qui vise à atteindre le poids fixé par la catégorie dans laquelle évolue un combattant. Par exemple, un athlète officiant chez les poids-légers de l'UFC devra obligatoirement peser entre 66kg et 70kg le jour de la pesée, afin qu'il soit déclaré apte à combattre le lendemain. Toutefois, rien n'empêche les combattants de regagner brusquement un grand nombre kg dans les 24 heures précédant le combat, afin qu'ils soient beaucoup plus massifs au moment d'entrer dans la cage.

Le cas le plus explicite étant celui d'Alex Pereira, qui pouvait aller jusqu'à perdre 12kg pour faire le poids chez les middleweight (de 77kg à 84kg), et arrivait le jour du combat autour des 98kg face à son adversaire.

Si le MMA est devenu depuis plus d'une décennie un sport de renommée internationale, plus populaire que jamais, et que les athlètes bénéficient dorénavant du suivi rigoureux d'un nutritionniste, le weight-cut demeure pourtant une étape dangereuse et épineuse dans la vie d'un combattant professionnel.


Nombreux sont en effet les combattants qui décident de s'illustrer dans des catégories de poids inférieures à leurs poids habituels, ce afin de préserver une meilleure force physique face à leur adversaire. Nous avons parlé d'Alex Pereira un petit peu plus tôt, mais Khabib Nurmagomedov est également un cas assez célèbre de ces transformations physiques risquées. Là où il pèse couramment entre 80 et 85kg au quotidien, le daghestanais a néanmoins choisi durant la majeure partie de sa carrière de combattre chez les poids-légers, et de devoir ainsi perdre pas moins de 10 à 15kg afin de faire le poids !


Des images ont depuis été divulguées, et on remarque bien à son visage que Khabib n'aurait probablement jamais du infliger de tels supplices à son corps, même afin de conserver une supériorité physique sur ses adversaires le jour du combat. Une carrière chez les welterweight (70 à à 77 kg) eut sans doute été plus adéquate pour sa santé.



khabib nurmagomedov pendant un weight cut


D'autres ont tout simplement choisit de bifurquer vers la catégorie de poids supérieure, on pense notamment à Khamzat Chimaev, passé chez les middleweight à partir de 2023, alors qu'il s'était pourtant démarqué chez les welterweight jusqu'à présent (notamment via son superbe combat face à Gilbert Burns, qui était alors numéro 2 de la catégorie). Seulement, après avoir échoué sa pesée pour son combat qui devait l'opposer à Nate Diaz à l'UFC 279, le tchétchène a depuis décidé de ne plus s'embarrasser d'un processus aussi éprouvant et difficile pour la suite de son parcours.

Khamzat s'est depuis illustré chez les middleweight en battant l'ex-champion des welterweight Kamaru Usman par décision unanime en octobre 2023, et s'il parvient à dominer Robert Witthaker en juin prochain, il y a fort à parier qu'il sera le prochain challenger au titre face à Dricus du Plessis. Une chose est sûre, Borz ne reviendra pas de sitôt chez les welterweight, probablement dégoûté par un weight-cut éprouvant et qui sied très mal à sa condition physique.



Khamzat Chimaev

Le weight-cut devient une entreprise plus tragique encore lorsque, mal exécutée, elle ôte tout simplement son titre de champion à un combattant.

C'est ce qui est notamment arrivé à Charles Oliveira, champion des poids-légers de l'UFC jusqu'à son choc contre Justin Gaethje en mai 2022, où il fut destitué de son titre pour ne pas avoir réussi à faire le poids le jour de la pesée. Bien qu'Oliveira ne fit ensuite qu'une bouchée de l'américain, le soumettant dès le premier round, il ne pu récupérer immédiatement la ceinture, faute de son poids qui excédait les limites de la catégorie.

Une issue cruelle pour Charles Oliveira, qui n'a depuis toujours pas eu l'occasion de récupérer son titre ; ayant perdu une première fois face à Islam Makhachev puis face à Arman Tsarukyan plus récemment, lors de l'UFC 300.



Charles Oliveira mal en point pendant son weight cut
Une image aussi impressionnante qu'effrayante : Oliveira soutenu par toute son équipe lors d'une phase particulièrement dure du weight-cut.

Sans être médecin ni nutritionniste, on imagine tout de même que ces transformations physiques (très) hâtives auront à termes d'inévitables répercussions sur le corps de nos athlètes préférés, et on espère pour ces derniers qu'ils choisiront plutôt d'évoluer dans une catégorie de poids qui leur correspond davantage. La vision ci-dessus d'un Charles Oliveira famélique, à un cheveux de la perte de conscience, devrait interpeller quiconque envisage de s'illustrer dans un catégorie de poids radicalement inférieur au sien…

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